Brava ... sauvage !

Brava … sauvage !

 

 

Vendredi 18 février 2011. Le Moemoea de Sophie et Veit a levé l’ancre quelques heures avant nous en direction de Brava. L’Eliane de Nathalie et Christophe est venu nous faire un salut pendant que nous faisions le plein d’eau, on se retrouve aux Antilles hein ? Bonne traversée ! A 14 heures, on appareille. Tchau Mindelo … Un peu nostalgique de quitter le lieu, mais le plaisir du départ l’emporte, surtout que la navigation commence agréablement dans le détroit entre São Vicente et Santo Antao, avec la houle qui nous pousse et le bateau qui glisse à 6 ou 7 nœuds. Laure a la même sensation : quel plaisir d’être en mer après cette trop longue escale à Mindelo ... Mais une fois passé l’abri de l’île, ce n’est plus la même chose ! Deux houles croisées, très courtes, nous brinquebalent méchamment. Rien de tel pour être malade, d’ailleurs … je n’y coupe pas dans la soirée, et Laure aussi, juste avant de prendre le premier quart ! La nuit est claire, avec la lune tout juste décroissante. Dans la nuit, une voile blanche sur notre bâbord, et la VHF qui crépite sur le canal 72 : « Moemoea pour Sahaya, où êtes-vous ? Juste à côté non? » Hé oui, c’est bien Sophie et Veit qu’on a rattrapés sur la route de Brava.

 

Samedi 19 février, j’émerge vers 9 heures. Philippe a fait un dernier quart « rallongé » et laissé dormir les deux patraques ... Ça bouge toujours beaucoup. Dans la matinée, on voit apparaître la forme triangulaire de Fogo, l’île voisine de Brava. Petit regret de ne pouvoir monter au sommet, le volcan à près de 3000 m, mais il n’y a qu’un seul mouillage sur l’île, et avec cette houle, il nous a été fortement déconseillé car très inconfortable. Brava apparaît aussi, c’est l’île la plus au sud-ouest de l’archipel du Cap Vert. Le dernier pied à terre avant la ruée vers l’ouest. La houle reste teigneuse, et il faut vraiment s’engager derrière le cap qui protège l’entrée de la baie de Faja de Aguas pour qu’elle abandonne la partie. Ouf ! Ça se calme enfin, et il faut viser ensuite un petit espace devant le village, sur le « plateau continental » où les fonds remontent brutalement de plus de 30 m à moins de 7 m, pour poser l’ancre sur du sable. Devant nous, un village aux jolies maisons en arc de cercle le long de la côte, une vallée qui remonte dans des forêts de manguiers (dommage, ce n’est pas encore la saison !), des terrasses avec des bananiers et des cocotiers. C’est bien vert. Moemoea passe devant la baie sans s’arrêter : problème de moteur, ils filent directement au mouillage suivant, à deux miles plus au sud. On s’y retrouvera plus tard. Allez, le petit tour à terre réglementaire ! Le débarquement en annexe entre les gros cailloux puis sur le plan incliné en béton des pêcheurs est humide, et pourtant, les rouleaux sont modestes ! Nous longeons la rue principale (et unique !) jusqu’à arriver devant un petit aéroport désaffecté, avec sa piste qui semble n’avoir jamais servi. Apparemment jugée trop dangereuse avec les vents turbulents qui règnent. N’empêche que ça a dû demander pas mal de travaux : aplanissement du terrain, murs de soutènement, bâtiment, etc. Près de la piste, deux hommes cassent des cailloux à la masse. Du geste, ils nous indiquent un sentier côtier qui part vers le sud, et que l’on suit jusqu’à une petite plage. Au retour, l’un des deux casseurs de pierres nous accoste. Il s’appelle Ricardo, parle un peu français, et est gardien de nuit de l’aéroport désaffecté, pour, nous explique-t-il, qu’il ne soit pas utilisé par les trafiquants de drogue ! Au passage devant sa maison, il nous offre de l’eau et des œufs de ses poules. Quelle belle et bonne omelette ! C’est la fête au village et le bar diffuse plus que largement de la musique années 80 pas très capverdienne … Ça ne nous empêche pas de dormir, avec la journée de navigation à récupérer !

 

Arrivée à Faja d'Aguas

 

 

"Fais comme l'oiseau"

 

Le débarcadère

 

Grondements, bruits de galets roulés … je me lève plusieurs fois dans la nuit. Les vagues déferlent de plus en plus, et Sahaya s’est approché de la côte en pointant le nez au large. La houle de nord-ouest, engendrée par les grosses dépressions qui sévissent dans le nord, est en train d’arriver comme le prévoyaient les prévisions météo. Au matin, le mouillage devient intenable, de gros trains de houle entrent dans la baie, et de toute façon on ne pourrait plus débarquer en annexe.

 

Moins accueillant non ?

 

Direction la baie de Tamtun, mieux protégée, où l’on retrouve Moemoea, seul bateau au mouillage. Effectivement c’est calme, au fond une plage de galets avec une maison pour la réparation des barques de pêche, et le village qui surplombe, que l’on atteint par un sentier pavé qui grimpe raide. Nous sommes entourés de barques de pêche, c’est vraiment l’activité principale ici. Une barque nous aborde : ils demandent une bougie pour le moteur hors-bord. Ok, on fait du troc contre du poisson, et ils nous apportent un beau morceau de thazard (« serra » ici).

 

La baie et Moemoea

 

N'auriez pas une bougie ?

 

La technique pour garder les poissons au frais : vivants dans la barque !

 

Le poisson, c’est le cœur de la vie de ce village. On fait la connaissance d’Antonio, dit « Peixe », qui nous emmène vers des coins réputés à langoustes dans la baie. Philippe, Sophie et Veit partent en apnée, mais le poisson est rare, et Antonio ne remontera qu’une langouste. Nous ne sommes pas très fiers de ce trophée de chasse qui ne dépasse même pas du seau, sans être des spécialistes de la langouste, il nous semble qu’elle aurait mérité de grandir un peu … En fin d’après-midi, nous sommes tous invités sur la plage par Antonio et sa femme Idalina, qui a préparé le repas : riz aux haricots, courge, poissons grillés et … la langouste, petite mais bonne, ce qui est bien dommageable pour elle ! Ils parlent espagnol, on se débrouille donc avec ça pour communiquer. Sympathique soirée, où l’on voit qu’il est difficile de leur donner quelque chose en échange. Ah si, le gâteau de Sophie a du succès, c’est une idée à garder pour les remercier, car ils ne doivent pas souvent en manger.

 

Repas sur la plage avec Antonio et Idalina

 

Antonio décortique la langouste

 

Retour d'une barque de pêche : négocier la vague ...

 

Ho hisse !

 

Mardi 22 février, Antonio vient nous chercher avec sa barque au bateau. Laure débarque aujourd’hui de Sahaya, elle a un avion à Praia vendredi soir, et veut se garder une marge pour arriver à rejoindre Santiago. Nous avons eu plusieurs échos contradictoires sur le ferry : quotidien, puis pas tous les jours mais plusieurs fois par semaine, et enfin irrégulier et assez imprévisible ! Après la rude montée vers le village, on embarque dans l’aluguer de midi, bien rempli avec des femmes de pêcheurs partant vendre leurs poissons, des enfants. La route vers la capitale, Villa Nova Sintra, est un voyage en soi. L’aluguer crache noir dans les montées, s’arrête dans tous les villages où les gens viennent acheter le poisson directement à l’arrière du pick-up, et attaque la redescente vers Villa Nova Sintra dans une vallée bien verdoyante. C’est une petite ville tranquille, aux allures coloniales avec ses maisons colorées et ses rues pavées et ombragées. Un dernier restaurant, et Laure embarque dans un aluguer pour Furna, la ville portuaire. Bonne chance pour le ferry et le retour à Marseille. Pas de chance avec Internet par contre, aucun des lieux que l’on nous indique ne fonctionne, pas de météo donc, c’est un peu gênant pour programmer la traversée … Brava … sauvage ! Au retour, Antonio, qui nous a accompagnés toute la journée, nous invite à manger chez lui. Nous sommes un peu gênés par tant de gentillesse, mais tout est prêt : riz aux haricots, courge, et poissons grillés, ce doit être leur repas au quotidien. En guise de dessert, une potion magique à base de sucre et d’arômes artificiels (importée du Chili !!) mélangée à de l’eau qui imite malgré tout assez bien le goût de goyave. Décidément, faut que je fasse un gâteau avant de partir !

 

Le taxi ...

 

Un autre exemplaire de petite langouste ...

 

Laure en tenue de randonneuse pour affronter la montée au village

 

Laure se fait belle pour le voyage

 

L'aluguer rentabilisé !

 

Vente de poissons en direct

 

Brava sous nos yeux

 

Bonne route Laure !

 

Mercredi 23, nous retournons à Faja de Aguas à pied pour tenter de trouver Internet à une pension tenue par un Français, et en profiter pour laisser quelques stylos à Ricardo, il nous en avait demandé pour son fiston. Chou blanc là aussi, car le Français peu serviable nous refuse l’accès à Internet, réservé à son usage privé … Nous retenterons notre chance demain à Villa Nova Sintra, en prenant l’aluguer de 8 heures. C’est que le temps tourne, et qu’il faudra bientôt penser à la traversée.

 

 

Le chemin du retour vers le mouillage

 

Jeudi 24 fevrier, pas d'aluguer à 8 heures, nous voila partis à pied ... Arrivés à Villa Nova Sintra, trouver Internet tient du miracle ! Voila l'article, on verra plus tard pour les photos car la connexion est trop laborieuse ! Les fichiers météo annoncent de la pétole pour toute la semaine prochaine, on ne sait pas encore si on attend ou non que les alizés soient plus forts ...

 

Samedi 26 février, je suis revenue en ville. Il y a finalement Internet gratuit avec la wifi sur la place devant le Paços do Concelho, il fallait le savoir ! Demain midi, Antonio nous a invités à une catchupa sur la plage avec sa famille. Et a priori, nous appareillons lundi matin. Quelques courses de complément pour la traversée, et rendez-vous de l'autre côté !



24/02/2011
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