São Jorge, des fromages, des balades et des amis

São Jorge, des fromages, des balades et des amis

 

Samedi 21 juillet 2012 : depuis Horta, cap sur São Jorge, une des îles voisines de Faial, à une vingtaine de miles. Hier, nous avons dit au-revoir à Jean-Luc et Caroline, qui vont remonter leur Khaya dans sa Normandie natale depuis Horta. Le vent est léger, et le moteur donne un petit coup de pouce. En fin d’après-midi, nous entrons dans la marina de Velas. Petite marina, il n’y a pas beaucoup d’espace pour manœuvrer, mais nous avons une place réservée le long du quai. Il faudra les forceps pour en sortir !...

 

La petite marina de Velas

 

Après Horta la grande, la marina de Velas est plus à notre échelle, petite, et enchâssée dans une falaise en arc-de-cercle. Elle est au pied de la ville, avec des rues pavées qui montent, contournent une place avec Saint-Georges terrassant le dragon, et le dragon terrassé tirant la langue dans une fontaine, un jardin avec des bancs qui incitent à la conversation ou la lecture, une église avec une horloge qui sonne tous les quarts d’heure. Au bord de la mer, un ponton en béton fait office de plage devant une piscine naturelle dans laquelle plongent les gamins et les ados, et barbotent les familles. Nous y sommes allés une fois, pour voir les fonds qui plongent rapidement juste derrière la piscine. Hé bien après plus d’un an de tropiques, nous pouvons dire, en toute objectivité, que nous avons trouvé l’eau glaciale, même avec le shorty. Il n’y a que les Bretons pour la trouver bonne. Ils sont fous ces Bretons ! Ce n’est sûrement pas un hasard si tous les apnéistes que l’on voit partir en chasse portent une combinaison de plongée intégrale 7 mm !

 

Velas, avec le port sur la gauche

 

La "plage" et la piscine à Velas

 

São Jorge est une île taillée en aiguille, large de 6 km, et longue de 54 km. Montagneuse, on dirait le dos d’un dinosaure émergeant de la mer, la plus grosse vertèbre culminant à 1053 m, le Pico Esperança. Ces sommets accrochent les nuages au passage, et la pluie tombe abondamment pour se transformer en cascades, sources, et herbe verte à volonté pour les vaches. C’est donc une île à fromages, ils sont nombreux et réputés. C’est aussi l’île des Açores qui comporte le plus de « fajãs », ces zones d’éboulements au pied des falaises devenues terres fertiles. Bref, São Jorge nous plaît bien, et nous partons allègrement à sa découverte en VTT et à pied.

 

 

 

Vue sur Graciosa

 

Vue sur Pico

 

Depuis l'intérieur d'une "vigia da baleia"

 

 

Une jolie falaise près de Velas

 

Mais l’île est grande, et les circuits de bus pas forcément très pratiques pour randonner, alors nous louons aussi une voiture pour deux jours. Voiture que nous partageons avec Karine et Olivier, un couple de Toulousains en vacances aux Açores, et que nous avons rencontrés à la marina, où ils étaient venus déambuler en attendant leur bus. C’est pratique pour faire la grande et belle randonnée en bord de mer qui relie la Fajã de São João à la Fajã dos Vimes : le premier groupe de deux lâche le second à un bout, repart en voiture à l’autre bout, démarre la randonnée, et se fera récupérer avec la voiture par le second groupe au premier bout. J’espère que vous avez suivi. Il faut juste se croiser sur le bon chemin et ne pas oublier de s’échanger les clefs en se croisant. En tous cas ça a marché ! Sur les chemins de randonnée aux Açores, on croise presqu’exclusivement des Français, à tel point que si l’on dit « Bonjour », on a de grandes chances de tomber juste ! Et justement nous en avons rencontré un en chemin, Patrick Marcel, qui écrit des guides de randonnées géologiques, coédités par le Brgm et Omniscience. Un passionné de volcans qui ne conçoit ses vacances que sur terrains effusifs !

 


Départ de la Fajã de São João

 


Des terrasses pour gagner du terrain

 

Karine et Olivier au moment critique : croisement et échange de clefs !

 

Descente vers la Fajã dos Vimes

 

 

Après la randonnée, nous poursuivons la route vers l’est, jusqu’à Topo, dernier village au bout de la terre, où est produit le fromage « Finisterra ». Juste en face de la pointe, il y a l’Ilhéu do Topo. On a entendu dire que les vaches de São Jorge traverseraient à la nage pour aller brouter sur ce gros caillou. On voit bien quelques vaches effectivement, mais l’herbe nous semble bien moins verte qu’ailleurs, alors qu’est-ce qui pousserait les vaches à venir là ? Ou alors c’est qu’elles ont déjà tout brouté ! En tous cas, avec cette houle, aujourd’hui n’est pas un temps à mettre une vache à l’eau, même motivée.

 

 

L'herbe (verte ?) de Ilhéu do Topo

 

Le petit port de Topo, où les bateaux sont montés au sec avec une grue

 

Avec Karine et Olivier, nous partageons trois jours de randonnée. Pour la dernière qui dévale des crêtes sommitales jusqu’à la Faja de Ouvidor, nous expérimentons la formule « taxi jusqu’au départ du chemin », et « retour en stop ». Les Açoriens ont la réputation de prendre facilement les stoppeurs. A quatre avec des sacs, c’est un peu plus compliqué, et beaucoup de voitures passent qui nous font des signes « désolés pas assez de place ». Certains s’arrêtent même pour nous dire qu’ils ne peuvent pas nous prendre ! Finalement, un paysan s’arrête et après quelques palabres avec Olivier qui parle Portugais, il nous embarque à l’arrière de son pick-up. Le stop marche bien mais avant 18 heures, heure où les paysans livrent leur lait aux coopératives, juste après la traite. En fin d’après-midi, on voit les vaches aux mamelles gonflées, rassemblées à l’entrée des prés autour de petits ateliers de traite mobiles.

 

Fajã dos Cubres

 

Hep ! Aux Açores, il y a surtout des vaches, mais pas que ...

 

 

 

Malfurada, ou Hypericum foliosum, endémique des Açores

 

Pico en toile de fond

 

Karine dans la montée au Pico da Esperança

 

Retour en pick-up

 

Délaissant leur camping, Karine et Olivier sont venus s’installer au bateau pour deux nuits. On les aurait bien gardés plus longtemps, mais ils avaient des avions à prendre, des boulots à reprendre. C’est pénible à la fin ces gens qui ont des impératifs !

 

 

 

 

Pico

 

Le port et la marina de Velas sont conviviaux. Oies et canards y cohabitent avec pêcheurs et navigateurs, ils se dandinent sur les quais pendant la journée, et le soir s'en vont dormir sur les rochers au pied de la falaise au fond de la marina. Philippe aide Yves de Rusée de Jersey à réparer une pièce de son moteur. Nous y rencontrons les Charentais de « Fleur de Sel » juste avant leur départ pour leur port d’attache, Marennes, pour une soirée guitare et chant.

 

Philippe à la soudure pour une pièce de moteur de Rusée, sous le regard attentif de Yves

 

 

Famille nombreuse sur les rochers

 

Et ce qui fait aussi le charme de la marina, c’est le « cagarro », ou "cagarra", ou « Puffin cendré ». Pleins de noms d’oiseaux pour ce migrateur emblématique des Açores apparenté à l’albatros, qui passe ses journées en mer, et vient se réfugier sur les falaises en fin de journée. Et autour de la marina, il y a des falaises. Et tous les soirs, vers 22 heures (ils sont assez ponctuels), le spectacle commence, car ils tournoient en bande, leurs ventres et leurs ailes effilées lançant des éclairs blancs quand ils passent dans le faisceau des lampadaires, en poussant des cris incroyables et difficilement descriptibles. Ça ressemble un peu à une conversation gutturale du genre : « Aah ouais Aah ouais Aah ouais Aah ouais Aaaaah ». Mais écoutez plutôt …

 

 

Je les aime bien ces oiseaux. Ils viennent nidifier aux Açores, qui accueilleraient plus de 60% de la population mondiale des « cagarros ». C’est une espèce protégée, et aussi aidée, surtout dans la période de la mi-octobre à la mi-novembre, où les jeunes oiseaux de l’année prennent leur envol, et sont désorientés la nuit par les lumières des villages. Des « Brigadas Nocturnas de Salvamento », des brigades nocturnes de sauvetage d’oiseaux, composées de volontaires, se sont mises en place pour patrouiller la nuit près des zones de nidification et recueillir les juvéniles désorientés, et les remettre ensuite sur le bon chemin : celui de l’océan.

 

Le cagarro

 

Nous sommes en pleins préparatifs de départ pour l’île de Terceira quand arrivent sur le ponton les Bretons Elise et Gaël. Nous nous connaissions par amis interposés : Elise et Gaël devaient revenir des Açores avec un des bateaux accompagnateurs de la course de Minis Les Sables d’Olonne / Les Açores / Les Sables, mais leur skipper a eu un accident de moto. Ils n’avaient donc plus de bateau, et nos amis communs, Claire-Marine et Bertrand, nous avaient mis en contact. Mais leurs contraintes de dates de retour n’étaient pas compatibles avec nos projets, alors nous ne pouvions pas les prendre à bord. Ils ont finalement trouvé un autre bateau accompagnateur pour rentrer, donc tout va bien. En attendant, ils visitent São Jorge, avant d’aller demain sur Terceira avec le ferry. Demain ?... Et ça vous dirait d’y aller avec Sahaya plutôt ? Ben ouais, carrément ! Alors, comme on n’est pas à un jour près, nous reportons notre départ pour embarquer nos deux Bretons et partons faire une dernière balade sur l'île avec eux.

 

Avec Elise et Gaël



13/09/2012
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