Terceira, quatrième escale

Terceira, quatrième escale

 

Vendredi 3 août 2012 : au matin, Elise et Gaël embarquent sur Sahaya, et nous quittons la marina de Velas avec l’aide d’autres navigateurs pour sortir de notre place, ça passe tout juste. Cap sur l’île de Terceira, à une cinquantaine de miles. Les vingt premiers miles longent la côte sud de l’île de São Jorge, miles un peu trop tranquilles, pétole et moteur. Puis passée la Ponta do Topo, le vent se pointe et nous porte jusqu’à la marina de Angra do Heroismo. Les dauphins que nous avions commandés pour nos invités viennent faire leur show juste avant l’arrivée, merci.

 

 

 

Traversée tranquille

 

L'arrivée à Angra do Heroismo, défendue par le Monte Brasil

 

Angra do Heroismo est une très belle ville, pleine d’histoire, et la marina est vraiment de plain-pied au cœur de la ville, juste devant l’église de la Miséricorde, qui en manque juste singulièrement pour nos oreilles en les plombant franco tous les quarts d’heure, nuit incluse ! Au moins à Velas, on avait droit à une pause nocturne, mais ici non ! De belles maisons bordent les rues. Les règles architecturales sont strictes pour garder une homogénéité d’ensemble : façades claires et contours de portes et de fenêtres sombres, ou bien l’inverse, et dans des gammes de couleurs données. Les nouvelles constructions doivent être également antisismiques. En 1980, un séisme avait détruit la ville aux trois quarts. Angra do Heroismo était une ville fortifiée, défendue par le Castelo de São Filipe et ses fortifications qui cernaient toute l’avancée du Monte Brasil. Tout proche de la marina, ce qui est maintenant une plage était autrefois une zone de mouillage pour les bateaux. La baie était protégée de presque tous les vents, sauf ceux de sud-est, et s’ils survenaient, soudains et violents, certains bateaux larguaient précipitamment leur mouillage en coupant la chaîne de l’ancre qu’ils n’avaient pas le temps de remonter pour éviter de se faire drosser contre la côte. Il faut imaginer que ces caravelles ne remontaient pas au vent. Voilà pourquoi cette baie est surnommée « le cimetière des ancres », un « spot » pour les plongeurs.

 

Sahaya dans un cadre historique !

 


 

 

 

 

Façade en réfection et qui a reçu l'aval des "monuments historiques" açoriens

 

Philippe dégustant des "lapas", les chapeaux chinois açoriens

 

"A Canadinha", la cantine locale et populaire d'Angra

 

Autant São Jorge était fine et allongée, autant Terceira est trapue et ovoïde, 16 km sur 30 km environ. Elle culmine à 1021 m à la Serra de Santa Barbara, bord relevé d’une grande caldeira. Elise et Gaël ont loué une chambre dans une pension de famille, et le propriétaire, Isaias, loue aussi son scooter personnel, en marge des organismes officiels … Nous le prenons quatre jours pour visiter l’île. Mais avant cela, je ne peux pas m’empêcher de vous conter les expériences de Philippe aux mains des masseurs … L’histoire, c’est qu’Elise s’est fait mal au dos en chutant en randonnée, et leur logeur lui a indiqué un curé qui serait aussi masseur-ostéo-guérisseur. Elle a rendez-vous à 17 heures (mais o menos, on va aussi apprendre que la notion du temps est très relative aux Açores !) à l’église da Conceiçao. Comme Philippe a une douleur persistante à l’épaule droite, il veut aussi profiter de la consultation. A 17 heures tapantes, nous sommes devant l’église, juste au moment où une Jaguar rutilante dépose des futurs jeunes mariés devant les marches. Puis suivent tous les invités endimanchés de ce mariage en grandes pompes. Peut-être pompant aussi, car plusieurs messieurs en costume ressortent de l’église fumer leur clope sur le perron moins d’un quart d’heure après le début. Nous retournons vers la pension, mais Isaias nous confirme le rendez-vous à l’église et y retourne avec nous en voiture. « Dans 10 minutes c’est fini », pronostique-t-il, en attendant avec nous, adossé à sa voiture. Une bonne demi-heure plus tard, nous sommes toujours assis sur le perron, à surveiller le ballet des fumeurs qui entrent et sortent, au son de la cantatrice et des musiciens qui ont été « loués » pour le mariage. Puis Isaias va voir, et nous dit de le suivre dans l’église. Nous longeons l’allée latérale derrière la silhouette trapue d’Isaias, jusqu’à la crypte où le prêtre nous rejoint en quittant les mariés et son aube. Grand mariage entre grandes familles nous dit-il d’un œil assez goguenard. Scène cocasse, d’un côté la partie centrale de l’église, où le mariage se termine sans le curé, et de notre côté, où le curé en civil manipule Elise puis un Philippe torse nu ! Apparemment, ce curé est très connu dans Angra, et les gens viennent le voir. Il ne demande pas d’argent, mais nous laisserons quand même un petit quelque chose dans le tronc commun de l’église.

 

 

Scooter 250 cm3, on monte en grade

 

Elise et Gaël, scoot' toujours !

 

Attente devant l'église da Conceiçao

 

Et la deuxième expérience alors ? Ce sera avec Daniel, 75 ans, un Açorien natif de São Miguel, un des pensionnaires de Isaias, ancien pilote de cargos croisant entre les îles. Daniel a aussi des talents de masseur, et rebelote, voilà Philippe torse nu, cette fois dans la cuisine de la pension, pour un massage à l’huile d’amande douce ! Daniel est très sympathique, mais c’est frustrant de ne pas pouvoir communiquer plus facilement avec lui. Il comprend bien ce que nous lui disons en espagnol, mais hélas c’est très difficile pour nous de comprendre son portugais. Dommage … Il ne suffit pas de mettre du « chuinté » dans son espagnol pour s’en sortir ! Par chance pour nous, aux Açores, beaucoup de gens parlent très bien l’anglais, voire même le français. Il faut dire que beaucoup d’Açoriens ont émigré pour trouver du travail aux Bermudes, aux Etats-Unis, au Canada. Certains reviennent ensuite, à l’âge de la retraite, à temps plein ou à temps partiel, sur leurs îles.

 

Philippe entre les mains adoucies d'amande de Daniel

 

Nous restons une bonne semaine à Terceira, qui présente plusieurs phénomènes volcaniques remarquables : des fumerolles sulfureuses aux « Furnas do Enxofre », où un parcours permet de voir plusieurs espèces endémiques des Açores, vestiges lointains des forêts de l’ère tertiaire sur le continent : fougères arborescentes, mousses variées, etc.. Il y a aussi la « Gruta do Natal », un tunnel de lave de plusieurs centaines de mètres. Et surtout la « Gruta do Algar do Carvão », à l’entrée impressionnante, une grande cheminée ouverte sur le ciel, qui est en fait un volcan « vide » qui ne s’est pas effondré sur lui-même. Et depuis le toit des grandes galeries pendent des stalactites blanches, non pas de calcite comme dans les karsts, mais de silice. Et enfin, Terceira a son volcan sous-marin, qui a eu une activité de 1998 à 2000, à quelques miles du village de Serreta. Et le type de volcanisme était assez spécifique pour que les volcanologues le baptisent : le type « serretyan ».

 

 

L'intérieur de la Gruta do Algar do Carvão

 

Et ses stalactites de silice

 

Balade vers les "misterios negros"

 

Les averses font partie du programme

 

Sur la route

 

Quoi dire d’autre ? Qu’il y a une grosse base américaine à Lajes, et que nous ne sommes pas allés voir de « touradas da corda », les courses de taureaux à la corde, qui sont pourtant très populaires sur Terceira. Tous les villages ont la leur : une rue est barrée, un taureau attaché à une longue corde pour circonscrire son rayon d’action est placé au milieu, et jeunes et moins jeunes viennent le faire tourner en bourrique qui avec un foulard, qui avec un parapluie, puis essayent ensuite, avec plus ou moins de succès, d’échapper à sa légitime colère en sautant derrière des palissades. Dans les magasins à Terceira, de grandes télés passent et repassent en boucle des vidéos des meilleurs moments des touradas : taureaux furieux qui foncent dans le tas et défoncent les palissades, pantalonnades, déculottées, concassées de bijoux de famille, etc. De petits groupes se forment devant les magasins qui rigolent aux moments les plus croustillants. Il paraît qu’il y a des morts chaque année ! Bon point, le taureau ne fait pas partie du lot, même s’il se prend de bonnes gamelles sur le goudron … Quelques minutes de ce bêtisier en vidéo nous suffiront, et nous n’irons donc pas en voir plus en direct …

 

La base américaine à Lajes

 

 

"On aurait dit des sémaphores ..."

 

Une vigia da baleia au Monte Brasil

 

Castelo de São Filipe

 

Abreuvoir

 

Les vestiges de l'hôpital

 

Les premiers minis de la course Les Sables d’Olonne / Les Açores / Les Sables commencent à arriver à Horta, et Elise et Gaël repartent pour Faial, découvrir le bateau accompagnateur avec lequel ils rentreront en Bretagne.

 

Pour nous, après une bonne semaine passée à Terceira, nous commençons à regarder vers l’est et la première île du groupe oriental des Açores : São Miguel.

 



21/09/2012
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