Sortie de l’hiver et retour à l’eau à Praia da Vitoria, Terceira

Sortie de l’hiver et retour à l’eau à Praia da Vitoria, Terceira.

 

Mardi 7 mai 2013, vers 20h TU : l’avion atterrit à l’aéroport de Lajes, sur l’île de Terceira, et quelques minutes plus tard, le taxi me laisse à la marina de Praia da Vitoria. Ola les Açores ! Philippe descend de Sahaya pour m’accueillir. Il est arrivé quelques heures avant moi, le temps d’enlever les bâches, et de passer le jet pour évacuer le plus gros de la tonne de sable qui recouvrait le bateau et remplissait le cockpit. On nous avait prévenus : l’hivernage au sec d’un voilier à Praia c’est bien, sauf le sable que la plage voisine fournit sans compter. Mais comme nous étions prévenus, nous avions aussi pris quelques précautions bien utiles, comme d’emballer hermétiquement l’enrouleur de génois, le guindeau, bref, ceux qui n’aiment pas trop qu’on vienne mettre son grain de sable dans leurs rouages. Pour le reste, Sahaya semble avoir hiverné sans trop de mal, malgré le vent et la pluie. L’intérieur n’a pas souffert de l’humidité, l’option « fermeture hermétique + déshumidificateurs maison » semble être à retenir. Donc, quand j’arrive, le Sahaya est presque tout propre, le temps de poser la valise, et nous allons dîner chez les voisins, Christa et Pascal sur leur voilier Titom (http://www.titom.ch/). C’est un peu grâce à (ou à cause d’ ??) eux que nous avons laissé notre bateau hiverner à Praia à côté du leur, en renonçant, quelques heures après eux, à la traversée mouvementée (plus de 30 nœuds au près dans une mer formée) entamée vers le Portugal en octobre 2012. Ils terminent un voyage autour du monde de plus de 14 ans, et rentrent pour démarrer d’autres projets et vendre leur bateau.

 

La marina de Praia et sa plage semeuse de sable, sur la gauche

 

Un hiver "au sec" entre bateaux acier

 

Après un hiver à terre en demi-teintes (et Philippe qui a perdu son père capitaine au long cours, qui lui avait donné l’envie de voyager, en janvier, il était temps de rentrer …), nous retrouvons le quotidien des voyageurs en bateau avec plaisir. Surtout que l’ambiance à la marina de Praia da Vitoria est sympathique, et laborieuse : c’est l’époque où les continentaux comme nous reviennent pour remettre à l’eau, où les locaux carènent leurs voiliers, bateaux à moteur, et bateaux de pêche. Le travel-lift ne chôme pas, entrées, sorties, il a fort à faire avant de se retrouver paralysé jusqu’en septembre, sa marge de manœuvre étant dédiée, pendant l’été, aux chapiteaux où fêtes et festivals vont se succéder. Les parkings se vident de leurs bateaux pour se reconvertir en parkings à autos, alors il faut faire vite.

 

Nous nous attelons aussi aux travaux de remise en route, nous commençons à être rodés. La vérification du gréement, le désensablage des winchs, les voiles, l’anti-fooling, la chasse à la rouille avec l’acide phosphorique, les retouches de peintures, etc. Philippe fait sauter un rail sur le pont, qui n’avait plus d’autre fonction que d’être un nid à rouille impossible à éradiquer. Puis c’est la remise à l’eau, et le plaisir de retrouver la maison qui flotte.

 

Prêt pour la remise à l'eau

 

La marina est laborieuse, et Praia aussi a des airs de sortie d’hiver. J’aime bien cette ambiance d’avant-saison, quand les lieux appartiennent encore aux gens du cru, à ceux qui n’ont pas quitté le navire de l’île en hiver, un hiver qui a été très long, très venteux, et surtout très très pluvieux. La plage principale de Praia est encore toute bosselée, souvenir des coups de vent furieux. Mais les beaux jours s’annoncent, même s’ils ont encore du mal à s’imposer, et les Açoriens préparent leur ville à ses activités d’été : la plage est passée au peigne et aplanie, les peintres s’activent pour rafraichir les façades, des chapiteaux se montent, des kiosques se réinstallent, et les marchands de glace commencent à ne plus être hors sujet. Jour après jour, petit à petit, les rues et les trottoirs se garnissent, les bistrots sortent leurs tables en terrasse, les tenues s’allègent et raccourcissent, bref l’été arrive ! L’hiver a néanmoins la peau dure et quelques sursauts : vent, pluie, nuits et même certains jours plutôt frais. C’est la première fois qu’on dort avec une couette depuis le début du voyage !

 

L’été arrive aussi au « Mercado municipal » où je vais chercher des fraises produites aux Açores et bien goûteuses. C’est l’occasion de tester mes progrès en portugais : il m’aura suffi de demander une fois « um quilo de morangos » pour le vendeur m’appelle « la Francesa », c’est tout dire !... Pourtant, quelques petits trucs viennent qui semblent améliorer un peu la compréhension : dire « ou » pour certains « o », ne pas prononcer toutes les syllabes (pas comme à l’espagnole), surtout la dernière qui semble généralement escamotée. Ça marche parfois, pas toujours, mais globalement, moins on en dit, mieux on est compris !

 

De retour à l’eau, nous sommes voisins de ponton d’un grand bateau en aluminium dont la couleur orange et la forme particulière attirent l’œil : c’est Sila Inua, un bateau d’expéditions polaires en préparation (http://silainua.org/indroduction-fr/). C’est ainsi que nous faisons connaissance avec Pierre, son propriétaire et co-concepteur, qui le convoie depuis la France où il a été construit au chantier Meta de Tarare, jusque dans le Grand Nord, point d’attache et zone d’action. Il nous fera visiter son bateau, son « navire-igloo », qui, pour l’heure, tient plutôt de la ruche avec plusieurs équipes locales qui travaillent en parallèle : menuisiers, plombiers-chauffagistes, etc. On aura même l’honneur de participer un peu à la préparation en faisant de la couture, la machine installée sur le pont avant, face à la plage ! Il ne reste plus qu’à imaginer la sensation avec un paysage de glace alentours …

 

Sahaya et son voisin "navire-igloo"

 

Soirée chaleureuse avec les voisins polaires

 

Couture avec l'aide de Mor à l'intérieur de Sila Inua

 

Les mêmes sur le pont avant

 

Lundi 20 mai 2013 : nos amis Catherine et Yann débarquent de France et embarquent avec nous pour une grosse semaine, puis ce sera le tour de ma sœur Blandine et de son compagnon Arnaud. Au programme : un peu de Terceira, un peu de São Jorge, et un peu de navigation entre les deux.

 



28/06/2013
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