Au sec !

Au sec !

 

 

Lundi 13 juin 2011, en début d’après-midi, Sahaya fait route vers le sud après avoir contourné la pointe de Sainte-Anne. Nous partons sous un grain, qui marque le début de l’arrivée d’une onde tropicale. Ce creux barométrique s’est formé au sud du Cap Vert, a traversé l’Atlantique, pour venir donner grosses averses et orages ici. Un peu plus tard dans la saison, il pourra donner naissance à un cyclone. Mais mi-juin, c’est encore tôt, en tous cas statistiquement parlant ! La navigation est agréable, nous traversons le canal de Sainte-Lucie et, la nuit approchant, nous décidons de nous arrêter pour dormir à Rodney Bay. Nous mouillons devant la plage, avec le chant des grillons en toile sonore.

 

Vers Sainte-Lucie

 

Le lendemain, nous décollons de bonne heure, avant le réveil des autorités, car nous n’avons pas fait les formalités d’entrée (la « clearance »). Après Sainte-Lucie, nous longeons les côtes verdoyantes de Saint-Vincent. C’est loin d’être la foule le long de la côte sous le vent, seuls quelques bateaux sont mouillés. A hauteur d’un village, on voit une barque de pêche armée d’un puissant moteur passer en trombe devant nous, un homme en tête de proue avec un fusil harpon, comme les baleinières … Les suivant des yeux, on voit qu’ils en ont après un troupeau de globicéphales ! Heureusement, ils ont été plus malins que les chasseurs, en tous cas tout le temps que nous avons pu les observer à la jumelle, plongeant dans les profondeurs quand la barque s’approchait d’eux pour réapparaître plus loin. Ça ne nous a pas tellement donné envie de faire relâche à Saint-Vincent … Quelques temps après, en fin d’après-midi, Eliot le pilote électrique a déclaré forfait d’un seul coup, et le pilote de secours n’a rien voulu savoir non plus, se mettant en alarme à peine branché. Ça c’est vraiment la grosse tuile … sans pilote, la navigation, surtout à deux, peut vite devenir une galère s’il faut barrer sans relâche … Je prends la barre, et on décide de faire escale pour la nuit, en allant mouiller à Port Elizabeth, au fond d’Admiralty Bay, sur l’île de Bequia.

 

Saint-Vincent à l'approche

 

 

Une côte bien verdoyante

 

Mercredi 15 juin, même topo qu’à Sainte-Lucie, nous décollons de bonne heure … sauf que le guindeau s’est mis en carafe. Philippe remonte les 30 mètres de chaîne à la main. Et une ligne de plus sur la liste des réparations à prévoir et qui s’allonge de jour en jour … Sur bâbord s’égrènent quelques perles du chapelet des îles des Caraïbes : Mustique, Canouan, Mayreau et les Tobago Cays, Union Island. Dommage de ne pas avoir le temps de s’y arrêter. Puis c’est Carriacou, « notre » île. Arrivés à hauteur de la « capitale » Hillsborough, nous nous posons la question de nous y arrêter pour faire la clearance d’entrée. Mais le grain qui nous cueille met rapidement fin aux tergiversations : pas question de débarquer sous cette pluie infernale ! On continue donc directement sur Tyrrel Bay, avec une visibilité quasi-nulle. Trempée à la barre, n’y voyant rien avec la pluie qui vient s’écraser à grosses gouttes sur les vitres de la casquette, je me fie au compas pour garder un cap. Et à Philippe qui me « pilote » depuis le tracé sur la carte sur l’ordinateur : vingt degrés de plus, ok garde ce cap là. C’est dans ces moments que l’on ressent combien de nos jours la navigation est grandement facilitée par ces outils, si tant est que la carte soit juste et que le GPS reste bien réveillé … Là, pas moyen de se fier à la vue, les Sister Rocks ne sortent du brouillard de pluie qu’au dernier moment. Les grains précédents passaient rapidement, mais celui-ci s’attarde, violent, pendant près d’une heure, sans répit. Nous entrons dans Tyrrel Bay avec des vents de 40 nœuds, en plein dans le nez. Le mouillage est déjà bien garni en bateaux, il ne va pas falloir rater notre coup avec ce vent et s’il faut remonter l’ancre à la main. On vise un « trou » vers la droite, pas très loin du chantier, pas très loin de la caye non plus, marquée par des vaguelettes. 40 mètres de chaîne, allez on ne lésine pas, il faut que ça tienne !

 

L'arrivée sur Carriacou, mer bleu lagon, etc.

 

Et ça tient. Et la pluie et le vent s’arrêtent. Et le soleil revient. On découvre sous un autre angle notre nouvel univers : une baie verdoyante, un petit village au fond, le chantier juste à droite, surplombé de maisons colorées. Notre ami Romain sur « Quizas », qui est à Carriacou depuis près de deux semaines, coincé par des problèmes techniques (encore un !) vient nous rendre visite, une visite amicale mais aussi intéressée car nous lui apportons du Marin l’embout Northeman dont il avait besoin pour réparer son pataras. Il nous fait visiter les lieux, et après avoir pris rendez-vous au chantier pour sortir le bateau, nous allons déguster la bière locale (en fait importée de Grenade) au Lazy Turtle.

 

Jeudi 16 juin : le matin, nous partons en bus faire la clearance à Hillsborough. Le policier prend un air soupçonneux de principe : “Why did you arrive at Tyrrel Bay instead of Hillsborough ?” “Because !” Après un passage à la douane qui nous déleste de 75 EC$, nous sommes en règle. De retour à Tyrrel Bay, il faut faire vite car Paul (un Irlandais qui parle très bien français), qui s’occupe du chantier, nous attend pour sortir le bateau en tout début d’après-midi. C’est sérieux, il fait même plonger à deux reprises un de ces gars pour bien repérer où faire passer les sangles. C’est qu’avec ses deux mâts, c’est plus compliqué de l’attraper … Il faut démonter les pataras. Et voilà, Sahaya prend son envol, dans les bretelles du travel lift. Un coup de karcher pour faire tomber le plus gros, et les 15 tonnes se retrouvent bien calées, à côté d’un collègue finlandais en acier qui a fait le passage du Nord Ouest l’année dernière.

 

Quoique nous en aurions bien besoin, nous ne sommes hélas pas ici pour des vacances alors au boulot !

 

Paul jauge Sahaya : place de l'hélce par rapport au mât d'artimon ?

 

Et une balade en travel-lift

 

Premières constatations

 

Au boulot !



30/06/2011
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